Dylan Dog – Détective de l’étrange

Si comme moi les enquêtes surnaturelles vous intriguent… Ou que vous avez juste envie de voir un type habillé de la même manière peu importe son aventure, alors montez à bord de mon train fantôme et partons ensemble à la découverte de 3 récits de Dylan Dog.
Pour commencer, Dylan Dog est le nom du personnage principal de la bd italienne éponyme, il a été créé en 1986 par Tiziano Sclavi qui s’est occupé d’écrire les premiers récits. Ces fumetti (bd italiennes) paraissent chaque mois, essentiellement en Italie aux éditions Sergio Bonelli Editore. Depuis sa création, une multitude de scénaristes et de dessinateurs se relaye à tour de rôle sur la série.
Contrairement à l’Italie, où il y a chaque mois deux rééditions différentes en plus d’une parution normale, la version française est très pauvre puisqu’on compte actuellement 16 albums parus chez divers éditeurs et ceux-ci se font rares. Les 3 albums dont je vais vous parler aujourd’hui font une centaine de pages et proviennent des éditions Mosquito. Statue vivante, la Sorcière de Brentford et Goliath ont tous été dessinés par Nicola Mari et scénarisés respectivement par Bruno Enna, Claudio Chiaverotti et Ruju.
Qui est Dylan Dog ?
Avant de vous présenter les 3 aventures je pense qu’il est important que je vous dresse un portrait de son héros. Mais étant donné qu’il s’agit là de mes premières lectures, celui-ci sera bref et tiré de ce que j’ai pu apprendre en lisant.
Premièrement, Dylan Dog est un détective privé anglais qui s’occupe essentiellement d’affaires dont personne ne veut, celles-ci ayant pour thème principal l’horreur et le surnaturel. Chose importante, ou pas… il est toujours habillé de la même façon, c’est-à-dire avec une chemise rouge, un pantalon bleu et une veste noire. Les plus attentifs d’entre vous me diront sans doute « wéé et comment tu sais ça puisque tout est en noir et blanc! » à ça je répondrai fièrement « j’ai une édition spéciale en VO et en couleur! » Plus sérieusement, il faut également savoir que Dylan n’est pas seul, pour l’aider dans sa tâche il est accompagné par son assistant blagueur, Groucho (personnage clairement inspiré du comédien américain des Marx Brothers, Groucho Marx). Celui-ci s’occupe d’accueillir les clients et détendre l’atmosphère en balançant quelques blagues. Pour finir ce portrait du détective, j’ai également pu me rendre compte au cours de mes lectures que c’est un dragueur invétéré, un mauvais mécanicien et qu’il a le mal de mer et de l’air.
Afin d’être plus clair dans la présentation des histoires je vais traiter chaque album séparément mais de la manière suivante: résumé – scénario – dessin.
- Statue vivante
- La sorcière de Brentford
- Goliath
En route pour le cimetière
Statue Vivante nous plonge dans un cimetière londonien parsemé de statues toutes aussi criantes de réalisme les unes des autres. Bien entendu c’est parce qu’il se passe quelque chose de mystérieux que la jeune artiste à l’origine de ces créations fait appel à Dylan Dog. En effet, depuis peu des crimes inexplicables sont perpétrés dans ce lieu et tout porte à croire que les œuvres de la jeune femme sont impliquées. Les statues sont-elles réellement vivantes ou s’agit-il d’une mauvaise blague qui aurait mal tourné ?
D’un point de vue scénario, Enna nous offre ici un récit qu’on pourrait certes qualifier de classique mais néanmoins efficace et bien écrit. Ainsi, il commence par nous présenter les meurtres, puis Dylan Dog interroge quelques personnes et à force de recoupements et de fausses pistes il finit par résoudre le mystère. Le tout est agrémenté par des passages de poèmes de John Donne, un poète et prédicateur anglais du 16e siècle, ce qui donne à l’ensemble un côté plus gothique et sombre. Seule ombre au tableau, certains personnages n’ont pas vraiment de personnalités et passent du côté des simples figurants. Mais finalement cela nous aide peut-être à nous concentrer sur d’autres protagonistes de cette histoire à la fin plutôt inhabituelle.
Étant plutôt un fan des ouvrages en noir et blanc j’ai plus qu’été ravis de voir que Mari maitrise le sujet. Les expressions sont marquées soit par l’âge soit par la terreur et certains visages de statues vous glaceront vraiment le sang, personnellement je n’aimerai pas aller dans ce cimetière par un jour de pleine lune! Les détails ne sont pas spécialement abondants mais justes et suffisants pour vous donner des sensations et des idées des lieux. Le système de hachure et surtout un subtil travail de contraste de noirs profonds rendent parfaitement l’ambiance du cimetière, c’est à la fois beau, reposant et malsain. Pour finir, malgré les nombreux dialogues ont ne se retrouvent jamais face à 2 cases identiques, tout est différent et habillement présenté.
- La mort
- La peur
- L’horreur
Promenons-nous dans les bois
La sorcière de Brentford commence par la disparition dans un bois de 3 chercheurs qui enquêtaient sur la légende du bois de Brentford. Celle-ci raconte qu’il y a deux siècles, une femme du nom de Sybil Warwick a été accusée de sorcellerie et hanterait depuis lors les lieux.
Contrairement à l’histoire lue précédemment il est certes engagé par une jolie jeune fille mais qui est ici sa propre petite amie anthropologue, cela serait apparemment top pour elle d’avoir l’appui du fameux Dylan Dog pour son travail. La sorcière est-elle toujours présente dans les lieux ou bien les chercheurs se sont-ils justes perdus ?
Scénaristiquement cette deuxième aventure de Dylan Dog ici écrite par Chiaverotti reste dans la même veine que le premier tome, une enquête saupoudrée de surnaturel. J’ai beaucoup aimé le fait que le scénariste intègre plusieurs sous-histoires dans la trame principale, par exemple la légende de la sorcière est traitée en quelques pages et nous aide à encrer le récit dans la réalité du lieu. Après lecture on se rend compte que le scénariste nous a parfois piégé, nous laissant penser une chose alors qu’on aurait dû voir le contraire. J’imagine que pour un fan de Dylan Dog il y a peut-être moins de surprise mais dans mon cas j’ai vraiment trouvé ça efficace.
Toujours en noir et blanc, cette deuxième histoire dessinée et encrée par Mari est toujours efficace par l’utilisation des ombres et de la lumière qui créent une forêt angoissante. Une nouvelle fois Mari a su rendre le sentiment de peur hyper convainquant sur les visages, un tel point que j’en étais parfois mal à l’aise, presque à détourner le regard sous peine d’y perdre mon âme, rien que ça ! J’ai également bien aimé le fait de traiter différemment la légende de la sorcière, dans ce passage il n’y a plus d’aplats noirs mais uniquement une abondance de hachures, des traits vibrants et vivants. Un autre passage traité d’une manière différente est le passage de la cassette vidéo retrouvée. On y voit clairement une référence au film Projet Blair Witch, les cases arrondies sont cernées de noir et renvoient à des parties de vidéo coupées, manquantes ou tremblante et mal cadrées. Pour finir, le découpage en grandes cases et large bandes ainsi que la variation entre les plans serrés et les plans larges renforce l’immersion dans ce petit village.
- Le système d’aplats
- Le système de hachures
Piège en haute mer
Cette troisième aventure de Dylan Dog qui porte le nom de Goliath débute par un appel de détresse lancé par l’équipage de la plate-forme pétrolière du même nom. On peut voir sur l’enregistrement des hommes et des femmes pris par la panique et semblant échapper à un mal inconnu. Une équipe de secours accompagnée de Dylan Dog est donc envoyée afin de sauver les potentiels survivants et surtout connaitre le fin mot de cette histoire. Dylan Dog parviendra-t-il à vaincre son mal de mer, résoudre ce mystère et éviter une catastrophe écologique ?
Cette fois-ci Ruju est au scénario et ce qu’on peut dire c’est que lui aussi s’en sort très bien. Le schéma bien qu’il reste celui d’une enquête m’a semblait ici quelque peu différent. En effet, j’ai beaucoup plus ressenti le côté thriller et horreur que dans les histoires précédentes du fait qu’on ait vraiment à faire ici à un huis clos dans lequel chacun semble cacher quelque chose. L’action est beaucoup plus présente, l’immensité de la structure et la multitude de coins sombres accentuent le danger, celui-ci peut surgir de nulle part et de n’importe qui. On ne pourra pas non plus lire cette aventure de Dylan Dog sans penser au message écologique caché derrière, plus l’homme saccage la nature plus il risque d’y avoir des représailles. Une histoire toute en tension, action et gigantisme avec une fin grandiose et surprenante.
On prend le même et on recommence, Mari est au dessin et à l’encrage et cela fonctionne toujours aussi bien en ce qui me concerne, les aplats et les systèmes de hachures reprennent eux aussi du service. On retrouve néanmoins ici des dessins qui semblent parfois un peu fouillis, surement dû au fait d’une action plus importante et d’un élément que je ne peux vous révéler sous peine de vous dévoiler l’intrigue…
En conclusion
Au final, bien que j’ai une préférence pour les histoires Statue Vivante et Goliath, ces 3 lectures de Dylan Dog m’ont agréablement surpris tant par l’ambiance que par le dessin. Que ceux qui auraient peur de me pas s’y retrouver suite à un manque de connaissances du personnage ne s’inquiètent pas. Je confirme qu’en tant que néophyte de Dylan Dog il n’est pas nécessaire d’avoir lu 300 numéros pour apprécier les histoires. Si vous aimez les enquêtes mystérieuses en noir et blanc alors n’hésitez pas à découvrir les aventures de cet enquêteur hors du commun. Et pour ceux qui auraient envie d’en lire plus, c’est l’occasion rêver de vous mettre à l’italien et d’apprécier l’œuvre dans sa version originale.