Review: L’île du docteur Moreau

Aujourd’hui on « ne marchera pas à quatre pattes car c’est la Loi. Nous serons des Hommes » et nous allons nous promener sur l’Île du Docteur Moreau.
L’Île du Docteur Moreau dont je vais parler aujourd’hui est une nouvelle adaptation illustrée du célèbre écrivain anglais H.G. Wells. Cette BD de 150 pages est parue en 2018 chez Street/Book. Scénarisée par Jonathan Malherbe et dessinée par Nick Mothra. Jonathan dit Jon est musicien de formation est passionné depuis toujours par les grands mythes issus de la mythologie nordique et l’univers de J.R.R. Tolkien… L’Île du Docteur Moreau est sa première aventure d’écriture scénaristique. Nick Mothra voue une passion pour les grands monstres contemporains tels que Godzilla, King-Kong, les Zombies, … Il a notamment travaillé pour le journal de Tintin, Bob & Bobette, Corto Maltesse et Oreana à la croisée des étoiles.
L’Île du Docteur Moreau en quelques mots
À la suite d’un naufrage, Edward Prendick se retrouve secouru par le Docteur Moreau et son assistant Montgomery. Prendick étant botaniste le docteur voit en lui une aide pour son projet qui révolutionnera la science et refuse donc de le laisser repartir. Une nuit le botaniste entend des cris inhumains et décide de s’enfuir dans la jungle dans laquelle il découvre une partie du terrible projet du docteur Moreau…
Dessine-moi un « autre »
Premièrement, le style de Mothra est comme le récit qu’il illustre, à la fois sombre et particulièrement efficace sans pou autant se noyer dans les détails. Pour avoir rencontré l’artiste et l’avoir vue dessiner des hybrides, zombies et autres Kaiju, je peux vous dire que son dont pour dessiner l’horreur est bel et bien présent dans cet album. Ensuite, les protagonistes sont expressifs autant les humains que « les autres » (j’évite de ruiner l’intrigue pour ceux qui ne la connaîtrait pas). De plus, les paysages lugubres en pleine page rendent affreusement bien surtout que l’entièreté de la BD est en niveau de gris. Petit point qui pour moi à son importance, le livre est imprimé sur du papier Munken à la fois de haute qualité et écologique pour une texture en main très agréable (désolé si cette dernière phrase fait très vendeur de papier toilette…) !

3 ambiances horrifiques
Scénario et découpage
Le scénario de Jon est « simple et efficace », il suit le récit écrit par H.G. Wells tout en n’oubliant pas de le réinventer. Par exemple, il n’hésite pas à montrer le questionnement des actes passés de Prendick par des visions de cauchemars. Le dessin prend une partie importante du récit puisque les dialogues sont très peu présents et se concentrent surtout dans le premier chapitre. Il n’y a pas de longues tirades ou de détails inutiles, le texte est clairement là pour poser l’intrigue et laisser place à l’interprétation. Le découpage alterne entre bandes, cases et pleines pages surtout pour les paysages. La majeure partie des plans est plutôt rapprochée et cela renforce notre implication dans une histoire qui comporte très peu de protagonistes.

Plan rapproché
Conclusion
Je n’ai pas toujours été fan des adaptations graphiques de récit littéraires mais force est de constater que Mothra et Jon ont réussi à me convaincre avec leur version de l’Île du docteur Moreau. Une BD qui certes se lit vite mais qui aura le mérite de faire ça bien. Les « autres » sont tops et certains dessins sont parfois presque dérangeants. Les mises en scène sont réussies, on sent bien la petitesse et le désarroi de l’homme face à une nature presque incontrôlable. Tous deux ont réussi par l’écriture et le dessin à comprendre les motivations des personnages. Je suis bien content d’avoir rencontré les auteurs au festival de la BD d’Andenne en 2018 et leur souhaite le meilleur pour leur prochain projet qui traitera d’un autre sujet que j’aime: les Kaiju :D.