Review: Magnus

Aujourd’hui on choisit entre la pilule bleue et la pilule rouge mais surtout on enfile son casque VR pour un voyage dans le « nuage » et les robots de Magnus.
Magnus est un comics de 144 pages sorti le 29 aout 2018 sous le label Paperback de Casterman. Scénarisé par Kyles Higgins et dessiné par Jorge Fornés. Le premier étant connu pour être un réalisateur et scénariste américain, il a notamment travaillé pour DC comics sur la minisérie Batman : Les Portes de Gotham, ainsi que sur Deastroke et Nightwing mais aussi sur la série de comics Power Ranger de Boom! Studios. Le second est un dessinateur d’origine catalane qui a commencé à dessiner des romans graphiques pour le marché espagnol pour ensuite se diriger vers le marché américain aussi bien pour DC comics que Marvel.
Magnus en quelques mots
Dans un futur proche les robots peuplent notre société avec comme but premier de nous servir. Mais avec le temps et passant de sophistications en sophistications, ceux-ci ont fini par prendre conscience de leur existence, à penser mais aussi à déprimer. Pour pallier à ça, un monde artificiel leur a été créé : Le cloud, un lieu où les robots ont le droit de s’évader 4h par jour. Malheureusement certains humains ne sont pas décidés à accorder des libertés et le pire finit par arriver lorsqu’un robot assassine ses maîtres. C’est ici que tout commence pour Kerri Magnus, une psychologue pour Intelligences Artificielles qui est appelée par la police afin de retrouver le meurtrier. Pourquoi elle ? Car c’est la seule humaine à pouvoir rester dans le Cloud sans subir de dégâts cérébraux… Va-t-elle retrouver le fugitif ? Qu’a-t-elle à gagner…ou bien à perdre ?
Dessine-moi des robots
Comme j’aime à le répéter « les goûts et les couleurs ça ne se discute pas »… ou alors juste un peu. Mais je pense que je ne devrais pas trop me tromper en affirmant que Jorge Formes fait plus que se débrouiller, aucun détail ne semble là pour noyer une quelconque faiblesse, tout est justifié et certaines doubles pages de paysages urbains font leur petit effet. On y retrouve bien entendu quelques clins d’œil au monde de l’informatique voir même Matrix et aussi à des grands noms du comics, je vous en parle dans le paragraphe suivant.
Le récit comporte différentes ambiances assez distinctes et j’ai beaucoup apprécié les petits détails qui séparent les deux mondes. Ainsi celui des humains est présenté avec des « entre cases » blanches tandis que le Cloud est sur du beige voir le jaune. A cette couleur viennent s’ajouter deux autres éléments dans le monde virtuel, à savoir une plus forte présence de la trame pointillée mais aussi les fameux Kirby krackle représentant une sorte d’énergie présente dans ce monde, un petit clin d’œil qui fait toujours plaisir à ceux qui ont le regard affuté !
Le trait de Jorge est difficile à caractériser car bien que la plupart du temps il est « moyennement gros » (désolé ça n’aide pas beaucoup), à d’autres moments il est beaucoup plus marqué, voir très épais. J’en suis même venu à douter que certaines pages ne soient pas de lui… A ce propos, c’est incroyable de voir qu’un artiste peut passer d’un style à un autre, certaines pages n’ont artistiquement rien à voir avec le reste du livre (la page du cauchemar me venant en tête) ce qui n’est pas pour autant un point négatif, que du contraire.
- Le monde réel avec son fond blanc
- Le cloud avec son fond beige
Scénario et découpage
Les histoires de robots qui envoient au diable les lois de la robotique de ce bon vieil Isaac Asimov en se rebellant face aux humains on ne va pas se mentir…on connaît ! Mais force est de constater qu’il y a quand même moyen de faire autre chose que juste des T-800 en mode machines à tuer. Côté scénario on est plutôt ici dans un polar avec certes quelques dommages collatéraux mais aussi des vrais moments d’enquête. On apprend ainsi petit à petit les enjeux de ce fameux meurtre en n’oubliant pas de parler de l’histoire propre de Magnus. Bien qu’un peu lente, l’histoire est suffisamment intrigante pour vous emmener sans problème jusqu’à une fin qui elle va peut-être un peu trop vite. Petit bémol sur le fait que finalement, alors que les robots sont le propos principal du livre, la parole est plus laissée aux humains… il faut croire qu’on ne peut pas s’empêcher de prendre le plus de place possible.
Découpage en bandes et cases somme toute assez « classique » mais qui arrive néanmoins à se renouveler assez souvent soit par des doubles pages, soit par des dessins découpés sur plusieurs cases. Mention très bien pour le passage de l’ascenseur qui je pense fera l’unanimité pour son dynamise et son inventivité !
Conclusion
Si vous cherchez une enquête sans prise de tête alors vous pouvez aisément choisir Magnus, le comics donne un point de vue sur un futur robotique pas forcément joyeux mais sans pour autant que cela se transforme en post-apo ravageur. Un récit qui annonce le début de la fin ? A vous de voir !

Magnus aux éditions Paperback